Les Chatouilles ou la danse de la colère - Avignon OFF 2024

 Les Chatouilles ou la danse de la colère d’Andrea Bescond , mise en scène Eric Métayer

14h au Théâtre du Chêne Noir , relâche les 8 et 15 juillet 


En allant voir cette pièce, 10 ans après sa création au Théâtre du Chêne Noir, nous savons que le sujet auquel on va être confronté sera terrible voire insoutenable mais surtout essentiel. 

Ce que l’on ignore c’est qu’il nous concerne tous. 

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : ce sont des milliers d’enfants qui subissent la folie malsaine dans ce qu’elle a de plus violent chez l’homme. 

Andréa Bescond en parle fréquemment dans ses posts noirs publiés sur Instagram. 

Ces posts sont perçus par la justice de notre pays comme des actes diffamatoires et elle se retrouve régulièrement sur les bancs du tribunal parce qu’elle ose parler de l’indicible , parce qu’elle dénonce en somme. 




Son engagement et son militantisme se ressentent jusqu’au bout de sa performance. Elle tient le public en haleine (la salle était pleine) grâce à ses danses ponctuant le texte avec énergie. 

Chaque personnage interprété nous guide dans le parcours du combattant que sa vie a été pour se reconstruire. Elle efface la confusion entre malheur et colère , cette distinction est très importante : le viol d’un enfant n’est pas une anecdote d’enfance comme le dit la mère d’Odette dans la pièce.

Ce n’est pas non plus un fait divers comme le vomit la presse à chaque fois que cela se produit. 

C’est la rencontre contre nature entre le monstrueux et ce qu’il y a de plus abject chez l’humain. 

C’est une vie qui met du temps à se reconstruire et qui s’étouffe dans la douleur.  

La danse portée par Andréa Bescond , cette danse de la colère si électrisante ,elle est cathartique pour celle qui la danse et ceux qui la regardent. 

Le public ce jour-là était bouleversé , on entendait les larmes couler sur les joues , les sourires timides au creux des visages lors de la standing ovation et les regards s’embrasser et s’aimer car au fond comment mieux lutter contre la colère qu’en aimant l’autre ? 

Andréa Bescond quitte la salle en nous envoyant beaucoup d’amour et je me dis en partant que nous avons “de la chance” de vivre dans une époque où les langues se délient car je crois fermement que c’est en parlant , en ne rompant jamais le dialogue que l’insoutenable peut devenir supportable. 

Merci. 


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