Jeanne de Yan Allégret au 11 - Avignon Off 2024

 Jeanne de Yan Allegret ,mise en scène de Jérôme Wasquiez , jouée par la cie des Lucioles au 11 du 2 au 21 juillet

Relâche les 8 et 15 juillet 




Le sujet de la pièce apparaît comme mélancolique mais le jeu scénique l’aborde avec poésie et finesse. C’est l’histoire de Jeanne , elle décide de partir de chez elle, de ne pas aller travailler , de ne plus voir mari et enfants car elle a besoin de se retrouver seule, sans explication raisonnée , sans prévoir ce geste qui déchirera l’existence d’Eloi , son mari. 

Il n’y a rien qui va mal entre eux , pas de disputes , pas de violences ou de trahisons , ils sont très amoureux et complices.

Jeanne ne veut pas le blesser mais elle doit partir , ne plus le voir , sans savoir combien de temps cela va durer , sans savoir où cela va la mener. 

Elle nous répète qu’elle est à bout de forces mais qu’une force inconnue , puissante et nouvelle la pousse à s’exiler loin des siens et de son quotidien. Eloi lui répondra lors d’un de leurs échanges téléphoniques qu’il faut qu’elle écoute les voix qui s’adresseront à elle. 

L’une de ses voix apparaît à travers le personnage de Reed , femme fantasque et haute en couleurs , elle adore chanter et elle “adore la respiration” de Jeanne.

On a l’impression qu’elle incarne la joie de vivre que Jeanne n’a plus. 




Le second personnage est “le vieil homme aux étourneaux” et son arrivée dans la pièce nous emmène encore plus profondément dans la psyché de Jeanne. 

Reed et lui sont-ils une personnification des questionnements intérieurs de Jeanne ou sont-ils simplement des rencontres fortuites alors qu’elle s’égare dans la ville et dans la chambre d’hôtel où elle a décidé de se réfugier ?

Il y a un côté Lynchien dans l’attitude scénique de Reed et du vieil homme, la scénographie est impressionnante et appuie cette impression. Le décor est superbe et aide à composer l’évolution de la pièce. Le marais nous transporte dans un autre décor que la chambre d’hôtel du début et il appuie le caractère urgent et vital de la fuite de Jeanne. 

En somme , il faut aller voir cette pièce qui parle à la part sombre et fuyante de notre humanité , celle qu’on décide de ne pas écouter parce qu’on a peur du courage et de la vérité. 


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