Daddy - Zieferte Productions

 

La pièce débute avec la projection en grand écran d'une partie de jeu vidéo où les voix des deux protagonistes nous donnent des indices sur le lien qui existe entre eux.

Mara - jouée par la phénoménale Lila Houel - a 13 ans , elle tchatche et joue en ligne avec Julien , 27 ans - interprété par l'extatique Louis Peres , qui la flatte ,l'amuse mais surtout la comprend. 

Mara est une jeune adolescente pleine de questionnements et d'envies qu'elle ne sait pas exprimer, sauf avec Julien. Elle lui confie son désir de devenir actrice , son plus grand rêve. 

Il propose de l'aider en lui offrant de faire partie d'un jeu-vidéo en ligne où son avatar peut être qui elle veut , il paiera les scènes , les habits. 

Ce jeu c'est Daddy : Julien va devenir son Daddy. 

Le thème de la pièce est brûlant et résonne avec notre actualité et notre jeunesse. 

Avec qui est susceptible de parler notre enfant quand il passe autant de temps en ligne ? 

Quels risques et quelles craintes doit-on affronter en tant qu'adulte quand nous voyons l'enfant évoluer et grandir dans un monde virtuel que nous connaissons de moins en moins bien? 

L'écriture à quatre mains de Marion Siéfert et Matthieu Bareyre permet de nous apporter un début de réflexion , le texte est intense et riche , porté par des comédiens brillants et inoubliables. 

Le personnage de Léna interprété par la très talentueuse Lou Chrétien-Février commence par nous faire hurler de rire pour ensuite nous mettre mal à l'aise. Sa diatribe délirante sur les mères restera gravée dans les mémoires ainsi que la réponse de Mara , une complainte acerbe et courageuse qui sera sa première "scène" en tant qu'avatar dans le jeu Daddy. 

Ponctué par des chansons en anglais , des chorégraphies dynamiques et accompagné de la sublime bande sonore composée par Jules Wysocki , ce chef d'œuvre du théâtre contemporain a une identité , il s'inscrit dans le questionnement sociétal du travail des deux auteurs.  

La difficulté du sujet aurait pu être un obstacle à la mise en scène mais le pari est réussi car la machinerie , la scénographie , la composition chorégraphique et musicale sont au service du thème :la poésie du texte fait le pont entre le virtuel et ce qui ne l'est pas jusqu'à parfois les confondre. 

Leur nomination dans deux catégories aux Molières cette année ( révélation féminine et masculine) souligne la virtuosité du jeu des comédiens , l'écriture et la mise en scène de la pièce également. 

Les trois heures ne devraient retenir personne à s'engager dans cet aventure théâtrale car le rythme nous dirige vers un feu d'artifice d'émotions palpable jusque dans les salutations de fin au public. 

La tournée de ce spectacle continue encore à travers la France et tout les dates sont consultables sur le site de Marion Siéfert : https://marionsiefert.com/ . 

                                                      Crédits photo : Matthieu Bareyre 


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